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Nous avons construit deux maisons mitoyennes en structure bois isolée en bottes de paille, durant l’année 2021-2022, à Crest dans la Drôme. Ces deux maisons sont passives : elles peuvent être chauffées en utilisant uniquement un préchauffage de l’air neuf au débit nécessaire au maintien d’une hygiène intérieure. Elles sont par ailleurs équipées d’une installation photovoltaïque chacune et d’un système de récupération d’eau de pluie commun aux deux maisons. Ce document résume la conception, construction et suivi de fonctionnement sur les premières années. Il pourra être mis à jour au fur et à mesure des analyse des résultats de l’instrumentation.

Mots clés : maison passive, maison paille, construction bois, maison écologique, récupération d'eau de pluie, ventilation double flux, enduits à l'argile, brises soleil orientables, chantier participatif

Présentation du projet

Architecture

Le projet consiste en deux maisons mitoyennes construites dans un quartier résidentiel en limite sud de la ville de Crest dans la Drôme, sur un terrain quasi plat dans une zone pavillonnaire construite il y a plus de quarante ans. Il occupe une espace laissé en jardin lors de la construction de la maison directement au nord, il s’agit donc d’une forme de densification douce. L’accès se fait par un chemin créé pour le projet au nord-ouest.

Le terrain présente une faible pente vers le nord-ouest et est accessible par le nord-ouest depuis la rue Paramente. Les deux maisons sont construites sur deux parcelles séparées et sont totalement indépendantes l’une de l’autre hormis pour l’utilisation de l’eau de pluie qui est commune.

Les maisons sont construites sur un modèle bioclimatique classique : les volumes chauffés sont des rectangles de respectivement 6x9m et 6x8,5m intérieurs, sur deux étages, d’orientation Est-Ouest, avec les garages au nord en espaces techniques et tampon. Le système constructif et la coupe nord-sud sont communs aux deux maisons, et chaque famille a conçu son aménagement intérieur séparément.

Toutes les parois extérieures sont très bien isolées, les ponts thermiques sont bien traités, l’étanchéité à l’air est très bonne, pour limiter au maximum les échanges de chaleur avec l’extérieur été comme hiver, complété par une ventilation double flux. Les surfaces vitrées sont principalement au sud. Une bonne inertie thermique est obtenue grâce à la dalle béton du rez de chaussée, aux enduits terre épais à l’intérieur et à de la terre ajoutée sous le parquet dans le plancher intermédiaire. Avec une occultation solaire efficace par des brises soleil orientables et une ventilation nocturne manuelle, on obtient un très bon confort d’été.

Plans d’étages

Coupe du système constructif

<à faire : Passer la coupe en vectoriel et ajouter détails zoomés sur pied de mur, raccord mur/toiture en pignon, linteau de fenêtre avec BSO>

Intérieur

Aménagement du jardin et accès

<Plan de masse / jardin>

Enveloppe

Composition des parois

Les parois sont composées comme suit :

Maisons

• Plancher bas – U=0,289W/m²/K
  • radier en dalle béton armé de 25cm quarté et lissé à l’hélicoptère, laissé apparent après application d’un bouche pores ou d’un vernis polyuréthane
  • granulat de verre cellulaire concassé, marque Misapor, sur 30cm après compactage. Le Misapor se prolonge de 50cm tout autour du bâtiment pour assurer le hors gel sous le radier.
  • géotextile afin de prévenir le mélange du sol avec le Misapor
• Murs – U=0,13 W/m²/K
  • enduit de finition à la chaux ou à l’argile selon les endroits
  • couche de corps d’enduit à la terre de tranchée complétée de chaux et de sable, projetée sur la paille, épaisseur entre 6 et 8cm
  • bottes de pailles posées verticales, dans leur faible épaisseur (36cm) entre montant d’ossature de 145x45mm
  • voile de contreventement en panneau de medium type RWH, adhésivés entre eux par l’extérieur et avec les parois adjacentes pour l’étanchéité à l’air
  • panneaux de fibre de bois rigides enduisable de 4cm agrafés sur l’ossature. Référence Wall 180 de Schneider Holz
  • enduit mince de chez Schneider Holz deux couches avec trame, avec un badigeon à la chaux en finition
• Toiture monopan, orientée sud – U=0,125 W/m²/K
  • plafond en plaques de plâtre sur rails métalliques fixés sur cavaliers fixés aux chevrons
  • par vapeur armé Sd 18m
  • poutres en I 90x360mm ou chevrons en LVL 39x360mm, en raison de difficultés d’approvisionnement début 2021, isolés en ouate de cellulose insufflée (36cm)
  • panneau de medium 16mm à rainure languette type Agepan, agrafés aux chevrons
  • pare pluie R3
  • liteaux
  • lambourdes 4x10cm
  • bac acier Trapeza 45-1000 finition galvanisée
  • champ photovoltaïque fixé sur rails K2 en sur-imposition
• Plancher intermédiaire
  • solives en contrecollé épicéa 10x20cm
  • panneau de trois plis épicéa 13mm agrafé sur solives
  • fibre de bois rigide 180kg/m³ 6cm d’épaisseur, avec rainures pour passer les quelques gaines électriques de luminaires de plafond RdC
  • OSB3 18mm RL en pose flottante sur la fibre de bois, avec collage des languettes, recevant les cloisons d’étage
  • lambourdes 6cm avec remplissage terre et sable (déchets des enduits intérieurs essentiellement) afin d’apporter davantage d’inertie
  • parquet chêne cloué et huilé (Rubio)
• Mur mitoyen : double mur ossature bois espacés de 4cm et composés de :
  • Parement placoplatre sur bois horizontaux 45x45
  • Espace technique 4cm isolé en fibre de bois flexible
  • Ossature bois 9cm isolée en fibre de bois flexible
  • Agepan 1,6cm
• Les menuiseries sont en triple vitrage, la gamme Smartwin fournies par la menuiserie André, sauf les portes d’entrée qui sont en gamme Mixte 78 (triple vitrage également)
• Les protections solaires sont assurées sur les fenêtres le nécessitant par des BSO Lamisol 90 de Griesser, commande électrique filaire. Les deux fenêtres ouest non équipées de BSO ont des vitrages à faible facteur solaire.

  Garages

• Sol : idem maison mais dalle laissée brute après lissage
• Murs
  • panneau de contreplaqué 10mm de récupération. Il s’agit de panneaux initialement utilisés pour la réalisation d’emballage pour le transport maritime.
  • ossature 45x95mm isolée en chutes d’isolants de récupération. Il y a de tout : ouate, fibre de bois, paille, liège, polystyrène, laine de roche…
  • panneau de contreventement en medium type RWH 16mm, panneau de fibre de bois rigide 4cm et enduit idem maisons.
• Toiture
  • panneau OSB 12mm en finition
  • liteaux rabotés 25x40mm pour passage de gaines électriques
  • par vapeur armé
  • chevrons en bois massif 60x220 isolés en ouate de cellulose insufflée
  • panneau de medium 16mm à rainure languette type Agepan, agrafés aux chevrons
  • membrane EPDM Firestone Coverguard collée

Traitement de l’étanchéité à l’air

Pour le traitement de l’étanchéité à l’air, la spécificité de ce projet a été de placer le plan d’étanchéité à l’air des murs à l’extérieur du contreventement extérieur, afin de ne pas avoir à traiter les raccords de l’enduit intérieur avec les huisseries et le plancher intermédiaire notamment. Le panneau contreventant de medium a donc été adhésivé et raccordé avec la dalle béton en rez de chaussée et avec le pare vapeur en toiture. Ce plan d’étanchéité a été connecté aux fenêtres en adhésivant les angles des encadrements de fenêtre, puis en posant les fenêtres en tunnel dans un cadre ossature bois rapporté, avec une bande précomprimée périphérique large.

L’étanchéité des deux maisons a été réalisée en un seul volume, avec une continuité en sol, murs et toiture malgré la présence d’un joint de dilatation entre les maisons. Le test d’étanchéité à montré que le mur mitoyen est suffisamment perméable pour qu’en testant une maison on soit en réalité en train de tester les deux : on obtient le même débit avec une machine sur une maison ou avec une machine par maison en simultané dont on fait la somme des débits.

Le test d’étanchéité a mesuré une perméabilité de l’enveloppe de n50 = 0,33 vol/h.

Équipements

Chauffage ventilation eau chaude

Les maisons sont chauffées, ventilées et fournies en eau chaude via des tour multifonction situées dans les salles de bain étage. Ce type de machine, en vente depuis plus d’une décennie en Scandinavie et Autriche par exemple, rassemble dans une même boîte une ventilation double flux, un ballon d’eau chaude et une petite pompe à chaleur. La pompe à chaleur peut si besoin récupérer de la chaleur sur l’air extrait après qu’il soit passé dans l’échangeur de chaleur, afin de chauffer le ballon d’eau chaude ou de post-chauffer l’air entrant si la maison nécessite chauffage. La machine utilisée, Genvex Combi 185 BP S, est la moins chère que nous ayons trouvé, à 6100€ttc livrée. Il existe des machines de conception plus récente qui présentent des performances meilleures en termes de rendement énergétique, bruit, régulation, et qui peuvent réaliser un rafraîchissement de l’air entrant en été, mais elles coûtent plus cher, 3000€ pour une Compact P de Nilan et 8000€ de plus pour une PKOM4 de Pichler.

Le réseau de distribution est en PEHD 90mm à joints, avec accessoires, caissons de distribution insonorisés et bouches fabriquées par Brink. Afin de ne pas acheter des filtres onéreux avec emballage individuel à jeter tous les six mois nous avons fait fabriquer des support de filtres chez InnovStore et acheté un rouleau de substrat filtrant G4 à découper, qui devrait faire X années. L’investissement est rentabilisé par rapport aux filtres au détail en YY années.

Une nourrice eau chaude et une nourrice eau froide alimentent chaque maison via un réseau en PER dont les diamètres ont été réduits au minimum pour limiter les pertes de distribution (diamètre 10mm intérieur pour les douches notamment).

Les douches en étage sont équipées de récupérateurs de chaleur sur leur évacuation eau grise, situés dans les garages juste après la sortie du volume chauffé, alimentant le départ vers ballon et l’eau froide du mitigeur douche étage. Ces appareils appliquent le même principe à l’eau de douche que la ventilation double flux à l’air intérieur : réduire la consommation d’énergie via un transfert de chaleur entre les fluides entrants et sortants. La maison Ouest utilise un Shower Pipe 2100, qui est un double conduit concentrique qui s’installe sur la descente d’eau usée de la douche, et la maison Est utilise le produit Obox plus performant en rendement, qui est un échangeur à plaque avec un mécanisme de nettoyage hebdomadaire.

Le dimensionnement avec le PHPP montrant que la puissance de chauffe de la tour multifonction n’était pas suffisante pour les jours les plus froids, la maison Ouest est équipée d’une batterie électrique complémentaire, pilotée par la tour, pour compléter la montée en température de l’air. Dans la maison Est la stratégie est d’utiliser un appoint électrique mobile s’il arrive qu’un inconfort soit ressenti à cause de cette limite de puissance. Pour les deux premiers hivers un allumage ponctuel de four 1h en rentrant le soir quelques jours par an a fait l’affaire.

Photovoltaïque

Les toitures des maisons sont recouvertes de panneaux solaires photovoltaïques, fixés en surimposition avec des rails. Il y a 12 kWc par maison, pour une production annuelle d’environ 15 000 kWh chacune, en vente totale.

Chaque maison dispose d’un raccordement triphasé dédié à l’injection et d’un raccordement monophasé pour la consommation.

Consommations d’énergie domestiques

Les éclairages sont en LED à 90 %.

L’électroménager est d’occasion, de classe A à la date de fabrication. Par rapport à la maison Est, la maison Ouest est équipée en plus d’une voiture électrique, Opel Corsa, d’un congélateur et d’un lave vaisselle, créant des consommations significativement plus élevées, tout en restant très inférieures à la moyenne des ménages français.

Métrologie

Les maisons sont équipées des équipements d’enregistrement suivants :

• une station Netatmo avec satellites enregistrant T + H + CO₂
  • un dans chaque maison au rez de chaussée dans le séjour et un dans une chambre étage
  • un extérieur abrité sous la dépassée de toiture est du garage ouest, contre la maison, pour protection du rayonnement solaire
• dans les murs
  • capteur SHT75 avec enregistreur de données placés dans la paille lors de sa pose,
    • par paires :
      • un capteur contre l’agepan afin de vérifier l’augmentation d’humidité à cette interface en raison de la plus faible perméabilité de l’Agepan par rapport à la paille
      • un capteur dans les premiers centimètres de la paille derrière l’enduit intérieur, afin d’apprécier le rôle de tampon hydrique et thermique de l’enduit intérieur terre/chaux
      • ces paires sont positionnées :
        • une dans le mur nord de la maison est en rez de chaussée, dans la cuisine : mur donnant vers le garage,
        • un dans le mur nord de la maison est en salle de bain étage
        • dans la salle de bain étage de la maison ouest : un dans le mur nord et un dans le mur ouest (exposition des pluies principales)

• dans le tableau électrique : compteur enregistreur Legrand avec interface web accessible sur le réseau local via un branchement Ethernet. Les consommations sont enregistrées sur cinq postes, répartis comme suit :
  • maison Ouest
    • 1 : Tour multifonction : chauffage, eau chaude, ventilation
    • 2 : Éclairage, BSO,
    • 3 : Électroménager et cuisine : congélateur, lave linge...
    • 4 : Prises et pompe à eau
    • 5 : Prise de charge voiture
  • maison Est
    • 1 : Tour multifonction : chauffage, eau chaude, ventilation
    • 2 : Électroménager et prises cuisine
    • 3 : Éclairage et BSO
    • 4 : Prises hors cuisine
    • 5 : Serveur (box, serveur) + frigo (= fonctions permanentes y compris en absences)
• dans l’espace de traitement de l’eau dans le garage ouest :
  • un compteur volumétrique de consommation d’eau au départ de chaque maison
  • un compteur volumétrique de consommation d’eau sur le départ vers les points de puisage jardins

Eau

Les toitures des deux maisons et des garages (environ 200m²) sont raccordées à une cuve de 10m³ fabrication Graf, fournie par Technipluie, enterrée sous une dalle béton devant le garage de la maison Ouest. Une pompe immergée envoie l’eau dans un espace technique dans le garage ouest où elle passe par deux étage de filtrations, 25µm et 5µm. Une dernière filtration pour la consommation a lieu à 0,5µm + charbon actif sous l’évier au point de puisage. Deux analyses réalisées au laboratoire départemental après plusieurs mois et un an et demi d’usage a montré que l’eau avec ce dernier étage de filtration était tout à fait potable.

L’eau vers le jardin n’est pas filtrée.

Les maisons sont équipées de toilettes sèches et un composteur commun à quatre bacs a été construit dans le jardin. Afin d’être réversibles des évacuations et arrivées d’eau ont été prévues dans les toilettes si une famille veut un jour passer en toilette à eau.

La cuve n’a pas été dimensionnée pour être auto-suffisant en eau, mais de réduire la consommation d'eau du réseau.

Consommation et part d'autonomie

Sur l'année 2024 hors décembre la consommation d'eau des deux maisons a été de 79m³ d'eau. La maison Ouest a utilisé en moyenne de 150L/jour, 85L/j pour la maison Est. Les points de puisage jardin ont consommé 8,2m³ pour le rinçage des seaux lors du vidage des compost, et l'arrosage des plantes, soit 10% de la consommation totale. Pour comparaison la moyenne des foyers serait a priori aux alentours de 150L/jour/personne, donc les différentes mesures mises en place permettent de diviser au moins par trois à cinq la consommation d'eau par rapport au foyer moyen. Sur la même période il a été acheté 12m³ d'eau du réseau pour compléter lorsque la cuve était vide, sur aout et un peu juillet et septembre, ce qui revient à une autonomie de 84% sur la période grâce à l'eau de pluie.

Chantier

Préparation

Les maisons sont sur des parcelles séparées et un chemin a été créé sur la parcelle des vendeurs pour les desservir, nous avons donc dû déposer un permis d’aménager pour la création de chemin et le découpage des parcelles, ce qui a pris plusieurs mois. Par contre le fait que chaque maison soit sur une parcelle séparée a permis de ne pas avoir d’obligation de recours à un architecte, et nous avons pu déposer nous même les demandes de permis de construire pour chaque maison. Elles ont été préparées avec Zwcad et les vues 3D sorties du modèle Revit des maisons.

En amont des chiffrages des entreprises une étude de sol a été réalisée avec une missions AVP G2 afin de mesurer en laboratoire le gonflement des argiles présents dans le sol, ce qui a permis de valider la possibilité d’utiliser un radier sur Misapor.

L’étude thermique réglementaire a été réalisée par Tom, dont c’est le métier, et l’étude PHPP pour le dimensionnement du chauffage et les critères de certification passive a été faite par Antoine qui a suivi la formation de concepteur européen de maisons passives.

Des coupes techniques détaillées verticales et horizontales, dans plusieurs plans ont été dessinées avant et pendant les chiffrage des entreprises, pour laisser le moins de point possible indéterminés.

L’ensemble de la conception architecturale, technique, études de sol, chiffrages des entreprises, obtentions de permis a pris environ 2 ans. Ce délai aurait été raccourcis de 6 mois si le premier permis avait été validé, mais la mairie ne voulait pas entendre parler de bardage bois.

Un diagramme type Gantt a été préparé pour toute la partir gros œuvre et jusqu’aux cloisons intérieures, qui impliquait les calendriers des entreprises. Pour la partie second œuvre, réalisée en grande partie en auto construction, l’organisation a été faite plus à vue.

Le nombre d’entreprises intervenant a été limité, ce qui facilite la coordination :

• les entreprises de maçonnerie/VRD et charpente ont réalisé le plus gros volume de travail à deux
• deux entreprises différentes ont réalisé les enduits intérieurs et extérieurs, à des moments différents
• pour électricité, ventilation, plomberie, sanitaire, la réalisation en autoconstruction avec accompagnement de professionnel a permis de s’adapter avec soi même dans la gestion de l’ordre des interventions.

Pour les ouvrages réalisés en autoconstruction des plans de réseau d’eau, tableau élec et tracé des gaines avaient été faits en amont du chantier, ce qui a permis de limiter le nombre de commandes fournisseurs et d’improvisations.

Un parcours branche par branche du réseau de plomberie a permis de lister les raccords, coudes, vannes de manière individuelle… puis un tri dans un tableur a permis de générer la liste de course avec les quantités de chaque pièce.

<Ajouter fichier dwg+pdf du plan de réseau corrigé>

Chantiers participatifs

Les ouvrages suivants ont été réalisés en chantier participatif :

• Pose des bottes de paille : chantier de deux semaines pendant les vacances d’été 2021, avec en moyenne 12 personnes sur le chantier
• Réalisation des enduits intérieurs :
  • la couche de corps projetée a été réalisée avec une entreprise en fournissant de la main d’œuvre bénévole pour réaliser les tâches simples. L’entreprise a mis a disposition quatre salariés au lancement du chantier puis deux salariés, et nous avons fourni trois ou quatre personnes pour aider. Ce chantier s’est étalé sur deux semaines de quatre jours en réalisant chaque semaine une passe dans chaque maison afin de projeter l’épaisseur souhaitée en deux fois.
  • la couche de finition a été réalisée par des artisans dans la maison est et pour moitié en chantier participatif et moitié en autoconstruction dans la maison ouest
• Enduits extérieurs : Ils ont été réalisés par un artisan dans la maison est, et par l’artisan assisté de deux bénévoles dans la maison ouest. La simplicité de la maison et la participation au chantier ont permis de réduire significativement la facture par rapport au prix devisé.

Résultats d’instrumentation

Confort

Sur les deux premières années d’occupation le confort ressenti a été satisfaisant, avec de petits écarts entre les deux maisons :

• en hiver la famille Ouest a tâtonné pour trouver le bon réglage de température de consigne qui satisfasse, la famille Est a plutôt laissé filer la température pour voir à combien descendait la maison, en allumant ponctuellement le chauffage si besoin
• en été, la maison Ouest monte légèrement plus haut en température que la maison Est, a priori en raison de plus grandes surfaces de fenêtres, qui même avec protections solaires laissent entrer plus de chaleur qu’un mur avec 40cm d’isolant, et une consommation un peu plus élevée d’électricité spécifique (cuisson etc.), qui se retrouve en chaleur dans la maison.

Le graphique suivant représente les température mesurées en trois points intérieurs et à l’extérieur de décembre 2022 à septembre 2023 :

On peut voir que les températures intérieures sont dans la plage 17-22°C en hiver et 22-25°C en été la plupart du temps. Les amplitudes de températures journalières sont variables, avec des variation de moins d’un degré à plus de 2,5°C selon qu’il y ait ou non des apports solaires en hiver, et selon que la ventilation nocturne soit utilisée ou non en été.

Le tableau suivant synthétise les températures durant l’été 2023 :

Qualité de l’air

En usage quotidien, au débit de base de 130m³/h pour la maison ouest soit environ 0,5 renouvellement d’air par heure,les capteurs de CO2 ne mesurent pas de dépassement des 1000ppm de CO2, et la plupart du temps sont en dessous des 800ppm. En cas d’usage intensif, comme une fête avec plus de quinze adultes au rez de chaussée le débit de ventilation est augmenté ou une fenêtre ouverte sans quoi les 2000ppm peuvent être atteints.

Consommation d’énergie

Les consommations d'énergie des deux maisons sont significativement différentes car la maison Ouest utilise en plus de la maison Est : une voiture électrique et un congélateur, et chauffe à une température plus élevée. Consommation et la production d’électricité mensuelles des deux logements de septembre 2023 à aout 2024 :

On peut voir que même sur le mois le plus défavorable (janvier), la maison la plus défavorable (ouest) reste avec un bilan à l'équilibre sur le mois.

Le tableau suivant résume les cumuls de production et consommation de septembre 2023 à aout 2024 , et les ratios annuels et pour août et janvier :

On voit que

• même sur les mois d’hiver la production est supérieure à la consommation ou à l'équilibre
• à enveloppe et systèmes de chauffage/eau chaude/ventilation équivalent, la maison Est, même avec davantage d’occupants que la maison Ouest, consomme moins de la moitié de la maison Ouest

Des incertitudes sont encore à lever sur la consommation d'énergie de la prise de la voiture, mais a priori celle-ci représente environ la moitié des consommations de la maison ouest. Une petite voiture électrique à usage régulier mais modéré (13 000km/an essentiellement rechargés à la maison) représente donc autant de consommation d'énergie qu'une maison passive de cent mètres carrés pour quatre occupants.

<Ajouter comparaison avec la consommation moyenne des foyers français>

A faire : Analyse par poste sur base relevés compteur Legrand : chauffage, tirage eau chaude, électroménager, voiture, cuisson.

Consommation d'eau

Sur l'année 2024 nous avons consommé environ 95,4m³, répartis en 34% pour la maison Est, 57% pour la maison Ouest et 10% pour le jardin (arrosage et rinçage de seaux du compost). L'achat d'eau pour rempoter la cuve sur les périodes ou elle est vide a représenté 12m³, soit un taux d'autonomie grâce à la récupération d'eau de pluie de 87% : 13% de l'eau que nous consommons est achetée au réseau.
Cette consomm

Les différentes mesures de réduction de la consommation d'eau : toilettes sèches, émetteurs bas débit, mousseurs, "écogestes" type fermer le robinet en se lavant les dents, permettent une réduction d'un facteur 4 à 8 de la moyenne nationale de consommation d'eau. L'utilisation de l'eau des toitures permet ensuite la satisfaction de plus de 80% du besoin restant.

Note : l'utilisation d'eau de pluie présente un bénéfice que nous n'avions pas vraiment anticipé : il n'est pas nécessaire de détartrer les bouilloires, la robinetterie n'accumule pas de dépôts de calcaire... et la durée de vie des machines type lave linge/vaisselle est peut être prolongée par cette absence d'encrassement, à confirmer d'ici quinze ans. Cette économie de temps de nettoyage compense pour bonne partie le temps passé à changer les filtres.

Gestion de l’humidité dans les parois

Graphiques int/ext/derrière enduit/contre Agepan sur années 1 et 2

Estimation de l’H max de l’agepan à partir des courbes de sorption/désorption + contextualisation avec document CSTB prévention risque moisissure

Analyse économique

Le montant de travaux est tout compris : il intègre par exemple l’achat de la cuisine.

Aux tarifs de rachats d'électricité photovoltaïque de 2024 les installations de production seront rentabilisées en un peu moins d'une décennie.

A faire : Analyse du gain permis par la récupération, du gain permis par l’autoconstruction

Questions diverses

• Est-il nécessaire de mettre une installation photovoltaïque ou une récupération d’eau de pluie sur de telles maisons ?
  • Non, ce sont presque des sujets séparés : on peut mettre une installation photovoltaïque ou une récupération d’eau de pluie sur une maison non isolée ou en béton. Ces deux éléments sont un peu la cerise sur le gâteau : du point de vue de l’impact environnemental il est d’abord prioritaire de réduire au minimum nécessaire les consommations d’énergie et d’eau. Et s’il reste du budget et de la motivation ces deux éléments viennent en complément. Dans le cas du photovoltaïque il est même facilement ajoutable ultérieurement si les gaines ont été prévues
• Puis-je demander à mon plombier de refaire le même système de récupération d’eau de pluie pour alimenter l’eau de consommation de ma maison ?
  • La loi française ne permet aujourd’hui d’alimenter l’eau d’une maison que si elle a été potabilisée. Il n’est pas clair si le niveau de filtration que nous utilisons répond à la définition d’une potabilisation, donc a priori un professionnel ne pourrait pas proposer la même installation.

Si c’était à refaire

• Les centrales de ventilation auraient pu être installées dans les garages, contre les maisons. Par apport à leur emplacement choisi dans les salles de bain étage cela aurait présenté :
  • Avantage
    • Facilité à traiter l’insonorisation pour les bruits rayonnés dans la pièce et dans conduits, même si ceux ci sont limités : nous dormons porte de salle de bain et de chambres ouvertes,sans être gênés par les bruit de la ventilation.
    • Un demi mètre carré gagné dans les maisons, qui coûtent plus cher à construire que les garages
    • Facilité de manipulation le jour où il faut changer la machine
  • Inconvénient
    • Plus grande distance par rapport au point de puisage principal, mais sans être excessive : 3m ajoutés, ce qui augmenterait les consommation d’eau et les pertes de chaleur après puisage
    • Nécessité de créer un caisson isolé pour limiter leur pertes thermiques dans le garage, plus froid que la maison
• Le centrales de ventilation retenues, Genvex Combi 185 S, sont économiques et suffisamment performantes pour être certifiées PHI, mais il existe des machines plus récentes, un peu plus encombrantes et onéreuses mais plus performantes énergétiquement et silencieuses, et pouvant assurer un rafraîchissement de l’air entrant. Ce sur-investissement aurait peut-être été préférable, notamment pour aborder les canicules à venir dans les prochaines décennies.
• Les gaines de soufflage d’air des rez de chaussée auraient dues être isolées pour que la chaleur donnée par la centrale soit bien livrée au rez de chaussée et non perdue en partie par conduction à travers les parois de la gaine. Ce d’autant que les rez de chaussée sont davantage vitrés que les étages, et subissent le pont thermique de pied de mur, ce qui les rend plus déperditifs que les étages. En l’état il y a en hiver un écart 2 à 3°C entre les niveaux, qui sans rendre les rez de chaussée inconfortables se ressent lorsque l’on monte l’escalier.
• Les surfaces de fenêtres de la maison Ouest auraient pu être un peu réduites pour limiter les coûts, tout en conservant des apports solaires significatifs
• Nous avons choisi d’avoir un plafond en bois massif apparent au rez de chaussée. Ce choix présente un intérêt esthétique et permet de limiter le découplage thermique entre les niveaux car il n’y a que 6cm de fibre de bois rigide pour l’acoustique. Créer un plafond plâtre sous un solivage en poutres en I aurait facilité les passages de réseaux électrique, eau chaude et ventilation. Mais une isolation de 10 ou 20cm pour éviter l’effet de caisson aurait augmenté le découplage thermique, avec le risque d’écarts importants de température entre les étages.
• Le double mur ossature bois avec un vide entre les deux pour le mitoyen donne de bons résultats acoustiques : les bruits aériens type voix et musique sont quasi inaudibles entre les maison, il n’y a que les bruits sur la structure comme taper sur le mur mitoyen ou tirer un lit qui peuvent être entendus de l’autre côté.
• La gestion du joint de séparation mécanique entre les quatre volumes maisons et garages a présenté des points faibles qui ont permis l’entrée de rongeurs. Même si ce point est chronophage et coûteux en fournitures, il importe dès le départ de prévoir, en plus de la continuité d’étanchéité à l’air et à l’eau, des recouvrements avec éléments métalliques vissés afin de fermer ces espaces aux rongeurs. Des rongeurs entrés lors du deuxième été ont été attrapé avec des pièces à souris à côté des trappes de visites de VMC.
• Dans un soucis de créer de l’inertie thermique nous avions prévu 6cm d’enduits intérieurs sur la paille. Cette épaisseur a nécessité de réaliser deux passes d’enduit à une semaine d’intervalle, puis la couche de finition quelques mois plus tard. Ne prévoir que 4cm aurait permis de réaliser la couche de corps en une seule fois, tout en conservant une inertie significative.
• Il a été choisi de garder les dalles béton apparentes au rez de chaussée, avec réalisation d’un bouche pores pour les protéger. Ce choix a impliqué de protéger tout au long du chantier les dalles pour ne pas les abîmer, mais au final pour la maison ouest, le mauvais état du lissage réalisé n’a pas permis de mettre un bouche pore, et un ponçage a du être réalisé, suivi d’une résine polyuréthane opaque. Prévoir un carrelage aurait probablement été une option plus simple et sûre.
• Les garages chauffent un peu trop l’été à notre goût, en raison à la fois de leur moindre isolation et de leur membrane d’étanchéité noire en toiture. Passer leur isolation de toit à 30cm et mettre un bac acier galvanisé aurait probablement réduit leur montée en température l’été.
• Les fenêtres à ouvrant caché de type Smartwin font que les intégrations de moustiquaires doivent être bien anticipées pour avoir la place pour les enrouleurs sans qu’ils soient visibles. Utiliser des fenêtres de conception plus classique aurait fait perdre un peu en performance d’isolation mais aurait facilité ce point.

Conclusion

Après deux années d’occupation les maisons sont agréables en toute saison : en hiver un pull et des chaussettes permettent d’être bien au chaud partout, sans sensations de parois ou courant d’air froids. En été, si l’on garde les volets baissés et que l’on ouvre les fenêtres le matin pendant le petit déjeuner on parvient à ne dépasser que rarement les 25°C. Nos consommation d’électricité sont très faibles, ce qui fait que le prix de l’électricité pourrait doubler sans que cela ne nous impacte particulièrement, et nous produisons au moins trois fois plus que ce que nous consommons à l’année, même en décembre nous sommes excédentaires. La ventilation continue nous permet de ne pas avoir d’odeurs dans les maisons, jamais de sensation de renfermé nécessitant ouverture des fenêtres. Le fait d’avoir réalisé un nombre important de tâches en autoconstruction a contribué à nous mettre en capacité d’agir : nous savons comment les choses ont été faites, et comment intervenir en cas de problème. Les chantiers participatifs ont été l’occasion de bon moments avec familles et amis et nous avons eu la satisfaction de faire travailler en grande partie des entreprises locales.

Seuls quelques points seraient à modifier pour qui veut faire le même type de maison à budget plus contraint : peut être remplacer la paille par de la ouate de cellulose, faire un plafond plâtre plutôt que bois au rez de chaussée… Pour un confort à l’année sans grosses factures d’énergie et émissions de gaz à effet de serre.

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